Centre Européen de la Colonne Vertébrale - TELEMEDECINE Clinique du Parc - Lyon (France) |
Le traitement conservateur de la scoliose idiopathique : la nouvelle vague française d’innovations
Les résultats définitifs du nouveau corset lyonnais ARTbrace sont publiés en avant-première sur le site. La dernière publication Internationale de l'ARTbrace qui a obtenu un SOSORT AWARD 2015 est maintenant disponible en "Open Access" Le programme théorique (avec commentaires en français) de la première Formation Internationale consacrée au nouveau corset lyonnais est disponible sur le site. Dernières mises à jour :--> Recommandations et Médecine basée sur l'évidence scientifiqueACTUALITES DU TRAITEMENT ORTHOPEDIQUE CONSERVATEUR DES DEVIATIONS RACHIDIENNESJean Claude de Mauroy, Clinique du Parc Lyon.
Si le traitement orthopédique lyonnais des déviations rachidiennes a plus de 60 ans, il s’adapte régulièrement à l’évolution des connaissances en matière de scoliose et à celles de la technologie. Classiquement, il comportait une séquence de réduction par corset plâtré et une immobilisation par orthèse réglable rigide symétrique (corset lyonnais). Depuis le 15 mai 2013, le corset plâtré a été remplacé par le corset "ARTbrace" qui améliore la réduction de 40 % par rapport au plâtre et de 60 % par rapport aux meilleures orthèses TLSO existantes. Nous envisagerons dans cette présentation les éléments nouveaux influençant ce traitement.
I - L’étude contrôlée et randomisée (RCT) des corsets TLSO sans plâtre préalable (Braist) est achevée
Dans le cadre de la médecine basée sur l’évidence, il est très difficile de réaliser une étude contrôlée randomisée (RCT) et de fait de nombreuses études, dont une hollandaise, a échouée. Les patients acceptent difficilement le tirage au sort entre mise en place du corset et rien du tout. Avec un budget de 5 millions de dollars l’équipe de Stuart Weinstein a pourtant démarré une telle étude en 2007, elle s'est achevée en septembre 2013.
Elle confirme : 1°) L'efficacité globale du corset avec diminution significative du nombre de patients opérés dans le groupe traité par TLSO 2°) L'efficacité du corset dépend de la Réduction immédiate en corset de l'angle de Cobb 3°) L'importance du temps de contention dans le résultat final. Ce temps a été mesuré par un capteur thermique et l'on constate une corrélation entre le temps de port de l'orthèse et le résultat final.
II - Origine génétique de la Scoliose Idiopathique de l'adolescent
L'origine génétique de la scoliose concerne des gênes multiples. Une centaine de maladies génétiques connues peuvent s'associer à la scoliose. Ces anomalies concernent tous les chromosomes. Une équipe de chercheurs japonais du Riken Center a mis en évidence un nouveau gène associé à la Scoliose idiopathique de l'adolescent. Il se situe sur le Chromosome 6 (GPR126).
Ce gêne retarde la croissance et la formation du tissu osseux. Il jour un rôle sur la croissance en taille et la longueur du tronc. Un autre gêne a été récemment évoqué il s'agit du POC5 situé sur le chromosome 5 et qui aurait un rôle dans la latéralisation.
III - Le défaut de signalement de la mélatonine au niveau cellulaire
L’équipe d’Alain MOREAU, au Canada, a mis au point un test par spectroscopie diélectrique cellulaire où ils étudient la réponse à différentes concentration de mélatonine ou d’autres composants synthétiques qui initialisent spécifiquement le signal de transduction de la protéine Gi. Les résultats montrent que la dysfonction du signal à la mélatonine n’est pas limitée aux ostéoblastes mais se retrouve au niveau du muscle et des lymphocytes du sang. La spécificité et la sensitivité du test sont de 100%. L’anomalie de transduction du signal s’observe uniquement chez les patients scoliotiques. Le test a été positif pour 33% d’enfants ne présentant pas initialement une scoliose. Cette scoliose s’est confirmée cliniquement dans les mois suivants. La dysfonction de la protéine Gi n’est pas spécifique à la mélatonine mais un défaut systémique qui est sans doute un facteur clé de l’évolution d’une scoliose idiopathique de l’adolescent. La mise en évidence de ce défaut peut être une procédure diagnostique, mais également thérapeutique dans l’avenir pour la scoliose idiopathique de l’adolescent.
IV – Les tests prédictifs de l’évolutivité de la scoliose (ScoliScore de Transgenomic)
Les tests génétiques basés sur le DNA sont difficiles à mettre au point. En effet, il existe une centaine de maladies génétiques s’associant à une scoliose. Ces maladies touchent tous les chromosomes. Cependant, des généticiens sous la direction de Jim Oglivie, ont développé un test de progression de la scoliose idiopathique de l’adolescent utilisant 53 marqueurs génétiques. Le coût est d'environ 2500 $. Dans la plupart des cas, les critères cliniques et radiologiques sont suffisants pour apprécier l'évolutivité de la scoliose sans recourir à ce test encore onéreux.
V – Evolution du traitement orthopédique Lyonnais.
Depuis quelques années, le concept biomécanique d’intégrité tensionnelle (Tensegrity) est appliqué au traitement orthopédique conservateur des scolioses. Il permet d'expliquer l'efficacité des orthèses rigides qui sont les seules à transmettre une compression discontinue au niveau de l'os. Le Plexidur (méthylmétacrylate) et actuellement l'Europlex (polycarbonate) assurent cette fonction. Pour les courbures de plus de 20° nécessitant un traitement orthopédique conservateur, le fluage au niveau des structures musculo-ligamentaire de la concavité est obtenu après quatre semaines de corset plâtré ou actuellement par port 24h/24 de l'ARTbrace. Le réajustement des tensions ligamentaires paravertébrales permet d'éviter une accentuation de la scoliose en flexion antérieure du tronc, lors de la pratique du sport par exemple.
Les multiples progrès de la technologie : capteur instantané "full body" et logiciel de superposition des formes ont permis la réalisation du nouveau corset ARTbrace dans la lignée historique du traitement orthopédique lyonnais de la scoliose.
Le système radiologique EOS Ultra Low Dose qui a l'avantage d'irradier 25 fois moins que la radiologie traditionnelle (une semaine d'irradiation naturelle terrestre) est aussi plus précis et permet une vrai reconstruction tridimensionnelle.
Conclusion
Ces deux dernières années le traitement orthopédique conservateur non chirurgical de la scoliose s'est totalement transformé. 1 - Son efficacité est prouvée scientifiquement 2 - Son origine génétique confirmée est toujours plus précise 3 - Les conséquences au niveau de la Mélatonine sont de mieux en mieux connues 4 - Un test génétique existe si nécessaire 5 - Le nouveau corset ARTbrace est 40 % plus correcteur que le plâtre et 60 % plus correcteur que les TLSO
La scoliose structurale est la déviation permanente du rachis résultant du déplacement progressif des vertèbres les unes en rapport aux autres dans les trois dimensions de l'espace. Un tel déplacement s'effectue selon 3 plans :
· Inflexion latérale qui correspond au déplacement dans le plan frontal · Extension ou dos plat correspondant au déplacement dans le plan sagittal · Rotation, correspondant au mouvement de la vertèbre dans un plan horizontal. Elle se traduit cliniquement par la gibbosité.
La scoliose la plus fréquente est la scoliose idiopathique qui survient durant l'adolescence entre 11 et 13 ans chez les filles (80 % des scolioses) et 13-15 ans chez le garçon (20 % des scolioses).
L'angle de Cobb radiologique est l'angle formé par les 2 parallèles aux plateaux des vertèbres les plus inclinées sur l'horizontale aux extrémités de la courbure scoliotique. On parle de scoliose structurale à partir de 10°. La déformation du corps vertébral peut être congénitale (existant à la naissance) ou progressivement acquise au cours de la croissance.
La gibbosité clinique est formée par le saillie des côtes de les convexité de scoliose. On la met en évidence lors d'une flexion antérieure du tronc. Elle est la manifestation clinique de le rotation vertébrale, mais traduit également l'asymétrie costale qui caractérise unes scoliose dysplasique. La recherche de la gibbosité peut être effectuée par le médecin, mais aussi l'infirmière, le professeur de gymnastique… Il existe une excellente corrélation entre l'examen clinique pour un même examinateur et la radiographie. Il est donc possible d'éviter une irradiation supplémentaire dans le cas d'une surveillance scolaire ou sportive.
Les déformations persistent en position couchée.
On différencie la scoliose structurale : du paramorphisme qui est une exagération naturelle de l'asymétrie corporelle. de l'attitude scoliotique qui compense par exemple un déséquilibre du bassin. La courbure se réduit en position couchée.
La scoliose peut accompagner certaines maladies neurologiques, osseuses thoraciques, endocrinologiques... mais la forme la plus habituelle de scoliose survient en dehors de toute maladie. Son origine n'est pas connue pour l'instant et l'on parle de scoliose idiopathique. Il ne s'agit pas d'une maladie mais d'un symptôme.
Lorsque l'on découvre une scoliose, il existe deux situations : soit nous ne pouvons pas prévoir son évolution et l'on parlera de scoliose chaotique, soit nous pouvons prévoir son évolution et l'on parlera de scoliose linéaire.
Lorsque l'angulation de la scoliose est inférieure à 20°, nous ne pouvons pas prévoir son évolutivité. L'évolution n'étant pas linéaire, nous devons tenir compte des lois du chaos déterministique dans notre relation avec le patient et sa famille et dans la gestion du dépistage de la scoliose. Une des particularités de la théorie du chaos est le caractère multifactoriel de l'étiologie. Si un défaut de l'articulation temporo-mandibulaire ou un défaut de l'assise plantaire... peuvent effectivement être à l'origine de la scoliose, comme le vol d'un papillon au brésil peut déclencher la tornade au Texas, il ne sert à rien de mettre en place un appareil dentaire ou une semelle plantaire pour corriger la scoliose, pas plus que d'aller à la chasse au papillon pour éviter la tornade. De la même manière un traitement préventif est discutable. Comment prévenir un tremblement de terre ? La rééducation réalise une construction antisismique, qui n'empêchera pas le tremblement de terre, mais permettra d'en limiter les conséquences. Devant toute scoliose de moins de 20°, la surveillance clinique régulière est l'élément fondamental surtout en période de croissance pubertaire. Si le traitement préventif est impossible, il faut réaliser des traitements précoces, dès que nous avons la certitude de l'évolutivité de la scoliose. Le traitement sera alors plus léger (souvent port nocturne du corset) et stabilisera l'angulation à un niveau moindre, en effet, le traitement orthopédique permet la stabilisation angulaire, mais pas la guérison de la scoliose.
Au delà de 20° - 25° en période de croissance pubertaire, l'évolution de la scoliose est linaire selon les lois bien précisées par Madame DUVAL-BEAUPERE. Les facteurs biomécaniques sont primordiaux surtout en période de croissance pubertaire.
De nombreuses classifications ont été proposées en fonction de la localisation anatomo-radiologique et du nombre de courbures.
Pour l'ancien corset lyonnais, nous utilisions la classification de Lenke pour le "blueprint" du corset . Actuellement, il n'existe plus que 2 types d'ARTbrace : l'un pour une courbure unique, l'autre pour une double courbure. C'est lors du moulage régional que l'on tiendra compte des particularités de la scoliose.
Il comporte l'utilisation de corsets. Les principales indications sont déterminées en fonction de la localisation et de l'âge de découverte de la scoliose et peuvent être résumées dans le tableau suivant (pour une courbure de 25°. Avant l'âge de 11 ans nous utilisons habituellement le corset de Milwaukee qui évite la compression d'un thorax fragile. En période pubertaire, le traitement orthopédique conservateur lyonnais a été créé il y a plus de 50 ans par Pierre STAGNARA.
Elle a considérablement progressé. Le matériel s'est amélioré et permet actuellement la Résonance Magnétique Nucléaire (IRM). Les temps d'hospitalisation sont brefs, il n'y a plus de nécessité d'une préparation préopératoire et la contention postopératoire par corset n'est plus nécessaire. Il est possible de réaliser ces interventions à l'âge adulte, et il n'est donc plus nécessaire d'opérer préventivement "parce que, peut-être la courbure va évoluer plus tard à l'âge adulte". Elle ne permet pas de guérir la scoliose et ne modifie pas la forme du corps vertébral, sauf lorsque l'on retire le disque par voie antérieure. Elle est anti-physiologique lorsqu'elle concerne la zone lombaire, car la colonne vertébrale est un flexible fait pour être en mouvement et non pour être bloqué. Comme toute chirurgie, elle comporte des risques, nous sommes près de la moelle épinière, les petits crochets peuvent se désinsérer...
Avec l'aide de psychologues, ce livret a été réalisé pour expliquer la scoliose aux enfants. Vous pouvez le télécharger en utilisant le "clic" droit de la souris.
Auteur : Dr Jean Claude de Mauroy (Médecine Orthopédique) Cette page a été mise à jour pour la dernière fois le : 5 octobre 2017 "Conflit d’intérêts : l’auteur n’a pas transmis de conflit d’intérêts concernant les données diffusées publiées dans cette page" |
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